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de place dans les diligences. C’est ce qui m’empêche de t’écrire le jour précis ; il m’est impossible de le savoir moi-même.

J’ai trouvé ici, mon pauvre ange, deux bonnes petites lettres de toi. Tout ce que tu me dis me va au cœur, mon enfant. Je vois que tu m’aimes, que vous m’aimez tous, et c’est la joie de ma vie.

Écris-moi encore une fois à Fontainebleau, poste restante. Dis à mon Charlot et à mon Toto que je les embrasse bien tendrement et qu’il faut qu’ils travaillent bien maintenant qu’ils se sont bien amusés. J’espère qu’ils ont été contents des petits dessins que je leur ai envoyés.

Toi, ma Didine, continue d’être bonne et douce, élève ton cœur et ton intelligence, aime Dieu dans ta mère, aime-moi aussi moi qui ne travaille que pour vous, et tout ce qui est dans le monde te bénira comme je te bénis.

À bientôt, chère fille.

Ton petit père,
V.

Aie soin qu’on me réserve les lettres et les journaux et que rien ne se perde[1].


À Adèle[2].


Chalon-sur-Saône, 18 octobre 1839.

Il faut que je te remercie aussi toi, ma Dédé, mon pauvre amour. Tu m’as écrit encore une charmante petite lettre que tu as datée, ce dont j’ai été très touché, car il n’y a que toi dans toute la famille qui songe à dater ses lettres. Te voilà donc de retour à Paris.

Chère enfant, tu as quitté avec courage tous les plaisirs de Villequier et tu t’es remise à travailler comme une bonne petite fille que tu es. Aussi ton petit papa t’aime. À bientôt, mon ange, embrasse pour moi ta mère comme tu l’as déjà fait, et Charlot aussi, et Toto aussi. Dans peu de jours je te rendrai tous les baisers que tu auras dépensés.

Ton petit papa.
V.[3]
  1. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Inédite.
  3. Collection Louis Barthou.