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J’avais commencé une longue lettre pour vous. Elle est là. Chaque jour le voyage m’emporte et m’empêche de la finir. — Cela vous montre du moins que je n’ai pas été un instant sans songer à la belle et douce maison de Villequier.

J’ai vu Arles, Avignon, Marseille, les gorges d’Ollioules, Toulon, le ciel de Provence et la Méditerranée. Je vois les plus beaux pays du monde et je vous aime.

Rendez-le moi.

Votre ami.
Victor H.

Je ne vous remercie pas de votre hospitalité si douce pour les miens. Où trouver des mots pour vous dire combien je suis touché ?

J’espère que Madame Lefèvre[1] est tout à fait rétablie[2].


À Léopoldine.
Cannes, 8 octobre [1839].

Voici quatre dessins pour vous quatre, ma Didine. Je t’envoie à toi la cathédrale de Strasbourg pour faire pendant à celle de Reims ; à mon Charlot, une vue d’une vieille tour magnifique qui est à deux lieues d’ici au milieu de la mer dans l’île Saint-Honorat (j’ai mis l’histoire de la tour à côté du dessin) ; à mon Toto une vue d’un faubourg de Bâle, prise de la place de la cathédrale, et à ma Dédé quelques jolies maisons de Baden avec la porte de la ville. J’espère que vous serez tous contents, et puis je ferai d’autres dessins en arrivant à ceux qui se trouveront les moins bien partagés. Le mieux partagé encore, c’est moi, puisque je sens plus que vous la joie que je vous donne.

Les montagnes qu’il y a derrière le clocher de Strasbourg, ce sont les montagnes de la Forêt-Noire.

Je suis ici dans un lieu admirable où j’étais venu voir la prison du Masque de fer. J’ai vu aussi le golfe Juan où Napoléon a débarqué en 1815. Après-demain je pars pour Paris. J’y serai le 18 ou le 19. Embrasse bien pour moi ta bonne mère bien-aimée. Dis-lui que je compte sur une lettre d’elle à

  1. Sœur d’Auguste Vacquerie.
  2. Bibliothèque Nationale.