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du libraire. Pardon ! si vous y consentez, écrivez-moi s’il est nécessaire que je vous renvoie l’article ou si au contraire vous pouvez faire cette addition sans cela et me l’envoyer assez promptement pour que la remise du tout à M. Bertin ne soit pas trop retardée.

Pardon encore et mille fois merci.

V.[1]


À Sainte-Beuve.


Ce 7 juin, dix heures du soir [1832].

Je rentre, mon cher ami ; l’heure du rendez-vous au National est passée[2]. Mais je m’unis à vous de grand cœur. Je signerai tout ce que vous signerez, à la barbe de l’état de siège[3].

Votre ami dévoué,
Victor[4].


À Sainte-Beuve.


12 juin 1832.

Je ne suis pas moins indigné que vous, mon cher ami, de ces misérables escamoteurs politiques qui font disparaître l’article 14 et qui se réservent la mise en état de siège dans le double fond de leur gobelet !

J’espère qu’ils n’oseront pas jeter aux murs de Grenelle ces jeunes cervelles trop chaudes, mais si généreuses. Si les faiseurs d’ordre public essayaient d’une exécution politique, et que quatre hommes de cœur voulussent faire une émeute pour sauver les victimes, je serais le cinquième.

Oui, c’est un triste, mais un beau sujet de poésie que toutes ces folies

  1. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  2. Ce même jour, 7 juin, Sainte-Beuve avait écrit à Victor Hugo :
    « Mon cher ami,
    « On est décidé, au National, à rédiger une déclaration des écrivains en faveur de l’indépendance de la presse à l’occasion de l’état de siège. Lerminier rédige cette déclaration et dans les termes les plus généraux, pour comprendre les diverses nuances de l’opinion libérale. On désirerait le plus de noms honorables, voire même illustres. Ampère va demander la signature de M. de Chateaubriand ; on me prie de demander la vôtre.
    « On sera au National vers neuf heures. Un mot de vous ou votre présence seraient excellents ; quelque chose enfin qui autorisât à mettre votre nom à l’acte.
    « À vous de tout cœur,
    « Sainte-Beuve.
    « Je joins à ceci la lettre d’Ampère. »
    Gustave Simon. Lettre de Sainte-Beuve à Victor Hugo et à Mme  Victor Hugo. Revue de Paris, 1er janvier 1905.
  3. L’état de siège avait été proclamé à la suite de l’insurrection suscitée par les obsèques du général Lamarque.
  4. Archives Spoelberch de Lovenjoul.