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avocat. C’est un jeune homme très lettré et de la plus réelle distinction. C’était un de vos auditeurs les plus assidus. L’occasion se présente aujourd’hui d’acquitter la bonne parole que vous m’avez donnée. La chaire de philosophie est vacante au collège de Saint-Omer. M. Agnaut, principal du collège, est précisément le beau-frère de M. Noël. Il l’a présenté comme candidat. J’appuie donc sa demande près de vous de la manière la plus instante, et, n’est-ce pas, avec tout espoir de succès. J’attends de votre amitié un mot de réponse. M. Noël est en ce moment en vacance chez ses parents à Calais. Est-il nécessaire, pour le succès de sa demande, qu’il vienne à Paris ? Si l’on pouvait sans inconvénient lui épargner ce déplacement, soyez assez bon pour me le dire. Mais surtout, puisque sa nomination dépend de vous, répondez-moi un bon oui. Je vous assure que jamais vous n’aurez donné emploi à un esprit plus grave, plus intelligent, plus laborieux, plus sincère. C’est un service de plus que vous rendrez aux lettres et à l’enseignement et je vous saurai gré de cette nomination du fond du cœur.

Votre ami,
Vor Hugo[1].
9, rue Jean-Goujon, Champs-Élysées.
Paris, 3 novembre 1830.



À Sainte-Beuve,


[4 novembre 1830.]

Je viens de lire votre article sur vous-même[2] et j’en ai pleuré. De grâce, mon ami, je vous en conjure, ne vous abandonnez pas ainsi. Songez aux amis que vous avez, à un surtout, à celui qui vous écrit ici. Vous savez ce que vous êtes pour lui, quelle confiance il a en vous pour le passé comme pour l’avenir. Vous savez que votre bonheur empoisonne[3] à jamais le sien, parce qu’il a besoin de vous savoir heureux. Ne vous découragez donc pas. Ne faites pas fi de ce qui vous fait grand, de votre génie, de votre vie, de votre vertu. Songez que vous nous appartenez, et qu’il y a ici deux cœurs dont vous êtes toujours le plus constant et le plus cher entretien.

Votre meilleur ami,
V.

Venez nous voir[4].

  1. Bibliothèque Victor Cousin. Académie.
  2. Dans le Globe du 4 novembre 1830, sur la deuxième édition de Joseph Delorme (article anonyme).
  3. Il y a là une erreur de lecture ; ne serait-ce pas emprisonne ! Les événements nous empêchent de vérifier sur l’original, les archives Spoelberch de Lovenjoul n’étant pas eacore rentrées au château de Chantilly.
  4. Archives Spoelberch de Lovenjoul.