chez M. le général Hugo, son père, Grande rue du Foix, n° 75, à Blois.
Ta lettre, mon bon et cher Eugène, nous a causé une bien vive joie[2]. Nous espérons que l’amélioration de ta santé continuera au gré de tous nos désirs, et que tu auras bientôt retrouvé avec le calme de l’esprit cette force et cette vivacité d’imagination que nous admirions dans tes ouvrages.
Dis, répète à tous ceux qui t’entourent combien nous les aimons pour les soins qu’ils te donnent ; dis à papa que le regret d’être éloigné de lui et de toi est rendu moins vif par la douceur de vous savoir ensemble ; dis-lui que son nom est bien souvent prononcé ici comme un mot de bonheur, que les mois qui nous séparent de votre retour vont nous sembler bien longs. Dis-lui pour nous tout ce que ton cœur te dit pour lui, et ce sera bien.
Écris-nous le plus souvent possible.
Ton absence nous prive d’une des joies les plus vives que nous ayons éprouvées dans la félicité de notre union, celle de te voir. Il nous semble que maintenant le mois qui nous donnera un enfant sera bien heureux, surtout parce qu’il nous rendra notre père. Eugène reviendra aussi, et reviendra sûrement content et guéri.
Notre oncle Francis[4] vient de passer quelques jours ici avec sa femme, et c’est ce qui nous a empêchés de t’écrire plus tôt. Nous avons fait connaissance avec notre tante, qui paraît heureuse, et semble spirituelle et aimable.