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À Monsieur le comte Jules de Rességuier[1], à Toulouse.
Juillet 1821.
Monsieur et bien cher confrère,

Les journaux vous ont peut-être appris mon affreux malheur. J’ai perdu ma mère.

Depuis longtemps j’aurais à me reprocher de n’avoir pas répondu à toutes vos honorables marques d’amitié, sans la maladie, sans la mort qui nous l’ont enlevée. Vous n’avez pas connu, monsieur le comte, cette noble mère, dont je ne vous parle pas parce que je n’en saurais parler dignement, mais je ne doute pas que vous ne partagiez ma douleur, et vous me plaindrez beaucoup si vous me plaignez comme je vous aime.

Votre cordialement dévoué serviteur et confrère,

Victor-M. Hugo.


À Monsieur Pinaud.
[14 juillet 1821.]
Monsieur et cher confrère,

Ce qui m’a empêché de répondre jusqu’ici à votre honorable lettre, ce sont de longues inquiétudes, suivies du plus affreux malheur, d’un malheur dont les journaux vous ont peut-être instruit, malheur qui n’a de consolations que dans le ciel et d’espérance que dans la mort. Après une longue maladie, ma mère est morte dans mes bras. Si vous m’aimez un peu, monsieur, plaignez-moi et veuillez croire, en excusant la brièveté de cette douloureuse lettre, à la reconnaissance et à l’attachement éternel de votre très humble et très obéissant serviteur et confrère.

Victor-M. Hugo.

J’espère dans quelque temps avoir assez de force pour vous en écrire plus long. Je vous remercierai alors du jeton que vous avez bien voulu me faire remettre par M. Hocquart. M. Soumet et mon frère se rappellent à votre bon souvenir.

  1. Poète, mainteneur de l’Académie des Jeux Floraux depuis 1816, il collabora au Conservateur littéraire, fut l’un des fondateurs de la Muse française et devint l’ami de Victor Hugo ; il fut auditeur, puis maître des requêtes au Conseil d’État.