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Or elles sont là sous nos yeux, ces lettres... Une main sûre, discrète, les a groupées, en a comblé les lacunes par des récits substantiels et brefs, où se trouvent toutes les indications nécessaires pour qu’on en comprenne à souhait l’origine, le sens, la portée.

De la sorte se déroule naturellement tout un roman d’amour, non plus fictif et chimérique, non plus gâté par l’alliage ordinaire des sentimentales fantaisies et des variétés esthétiques, mais un roman réel, simple, vrai, un roman vécu, pris sur le fait, noté pour ainsi dire, de lui même, jour par jour, heure par heure, avec une sincérité pénétrante, à laquelle l’inévitable influence du style d’alors et des idées ambiantes donne une date précise, une réalité et comme une saveur originale de plus, un charme un peu suranné, juste de quoi amuser par instants l’esprit et vous reposer de l’émotion par un sourire…

Tels sont les jours d’épreuve où s’est trempée l’âme du poète. Dans ce volume de lettres juvéniles, elle se révèle déjà tout entière, cette grande âme tendre et ferme, rêveuse et opiniâtre, conquérante et dominatrice. À chaque page s’accentuent très nettement la volonté persévérante, indomptable, sans laquelle la puissance créatrice reste stérile, la hauteur de vues sans laquelle risque de s’égarer une imagination ardente, et la clairvoyance profonde qui donne à la bonté tant de prix.

… Ces lettres d’amour contribueront infiniment à faire connaître Victor Hugo et à le faire aimer. On l’y voit, pour ainsi dire, à l’état de nature, avant les froissements de la vie, dans sa fleur première. Où trouver quelque chose de plus pur, de plus intense et de plus triomphal, que ces fiançailles et cette union de deux cœurs vierges ?... Et puis, il fallait de telles années d’épreuve, de vertu, d’adoration, pour former le poète qui a écrit Le Sacre de la Femme et créé la poésie de l’Enfant.


II


NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.


Lettres à la Fiancée. — Publiées pour la première fois dans la Grande Revue, numéros des 1er novembre, 1er décembre 1906 et 1er Janvier, 1er février 1901.

Lettres à la Fiancée. — Paris, librairie Charpentier et Fasquelle, rue de Grenelle, n° 11 (Librairies-imprimeries réunies Motteroz, rue Saint-Benoit, n° 7). Édition originale, in-8o, 25 février 1901.

Lettres à la Fiancée. — Œuvres posthumes de Victor Hugo. Édition définitive, in-18. Paris, librairie Hetzel et C" (imprimerie Motteroz) [s. d.], 7 janvier 1903. Prix : 2 francs.

Lettres à la Fiancée... — Paris, librairie du Victor Hugo illustré, rue Thérèse, n° 13. (Imprimerie Mouillot, quai Voltaire, n° 13.) Grand in-8o illustré (s. d.).

Lettres à la Fiancée. — Paris, Nelson, éditeurs, rue Saint-Jacques, n° 189, et à Londres, Édimbourg et New-York. In-12, couverture illustrée. 1912. Prix ; 1 fr. 25.

Lettres à la Fiancée… — Édition de l’Imprimerie Nationale. Paris, Paul Ollendorff. Albin Michel, éditeur, rue Huyghens, n° 22. Grand in-8o illustré, couverture imprimée. 1945.