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je suis content d’avoir tenu ma parole à Victor Hugo ! Si Rochefort mourait en route ! quelle responsabilité prennent ces gens-là !


28 août. — À midi et demi, MM. Ritt et Larochelle, directeurs de la Porte-Saint-Martin, sont arrivés avec les acteurs qui doivent jouer Marie Tudor, Mmes Marie Laurent, Dica Petit et Frédérick Lemaître, Dumaine, Taillade et les autres. J’ai fait la lecture de Marie Tudor.


1er septembre. — Aujourd’hui lundi 1er septembre ont commencé les répétitions de Marie Tudor. J’y suis allé (à une heure). On a répété les deux premières journées.

Après la répétition, M. Larochelle m’a montré le théâtre dont la construction avance. L’irréparable salle de la Porte-Saint-Martin est à jamais perdue. J’avais recommandé à l’architecte actuel de la reproduire exactement. Il me l’avait promis, il ne l’a pas fait. La salle nouvelle sera belle, mais mauvaise.


3 septembre. — Nous avons dîné en famille. Victor va bien. C’est moi qui l’ai porté à table. Il marche et passe ses bras autour de mon cou.


8 septembre. — Aujourd’hui, étant sur l’impériale de l’omnibus d’Auteuil, après avoir reçu une averse qui m’a transpercé jusqu’aux os, par parenthèse, je suis passé devant les Tuileries au moment où les maçons jetaient bas la dernière muraille de l’aile où avait été la salle de la Convention. On eût dû respecter ces murs où avait habité la monarchie, mais où avait siégé la Révolution.


16 septembre. — Victor va être traité par les inhalations d’oxygène.


24 septembre. — On a de bonnes nouvelles de Rochefort. Il a écrit de Canaries à sa fille. Il se porte assez bien.


4 octobre. — Victor a emménagé aujourd’hui 20, rue Drouot. Il a très bien supporté le voyage d’Auteuil à Paris.


7 octobre. — Les journaux royalistes et dévots m’appellent marquis de Sade. Marie Tudor, disent-ils, est le plus grand scandale depuis Justine[1].

  1. Justine ou les Malheurs de la vertu, roman du marquis de Sade, 1791. (Note de l’éditeur.)