6 mai — Garibaldi m’a écrit. Sa lettre m’est transmise par le général Bordone qui est arrêté et au secret dans les prisons de Marseille.
11 mai. — Paris est de nouveau muré. Les lettres de Paul Foucher à l’Indépendance belge sont interceptées.
12 mai. — Paul Foucher a failli être arrêté par ordre de la Commune. Il s’est échappé. Il est à Versailles. Schœlcher est arrêté. Par qui ? Par ceux de Versailles ? Non. Par ceux de Paris. Ernest Lefèvre est prévenu par moi (avisé par le colonel Laussedat qui arrive de Francfort où sont Favre et Bismarck) qu’il y a un ordre d’extradition signé contre tous les membres de la Commune, et qu’il n’en est peut-être pas excepté. (Dès que Thiers sera maître de Paris.)
14 mai. — Auber est mort. Il avait quatrevingt-neuf ans.
Musique italienne. Charmante, quelquefois belle, quelquefois vulgaire. Rossini en haut, Auber à mi-côte, Adam en bas. Trois maîtres de même race, l’un confinant au sublime, l’autre au vulgaire ; mais le premier ayant quelque chose des défauts du dernier, et le dernier quelque chose des beautés du premier.
15 mai. — La Commune fait démolir la maison de Thiers. Odieux et bête.
23 mai. — L’armée de Versailles est entrée dans Paris. Billioray est tué[1], Paschal Grousset[2] est en fuite. Pyat est caché.
24 mai. — Le bruit court que le Louvre et les Tuileries brûlent. Je ne puis le croire.
Rochefort arrêté à Meaux a été amené en plein jour à Versailles et livré aux huées de la populace. Indigne exhibition. Turba.
25 mai. — Fait monstrueux. Ils ont mis le feu à Paris. On envoie jusqu’en Belgique chercher des pompiers. Ceux de Bruxelles viennent de partir à toute vapeur.
J’ai écrit ma protestation contre le déni d’asile du gouvernement belge aux vaincus de la Commune. Elle sera demain dans l’Indépendance.
- ↑ Fausse nouvelle. Billioray, membre de la Commune, a été déporté en 1871 à la presqu’île Ducos où il est mort en 1876. (Note de l’éditeur.)
- ↑ Journaliste, membre de la Commune en 1871, nommé délégué aux Affaires extérieures. Condamné à la déportation à la Nouvelle-Calédonie d’où il s’évada. (Note de l’éditeur.)