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Julie[1] m’écrit de Guernesey que le gland planté par moi le 14 juillet a germé. Le chêne des États-Unis d’Europe est sorti de terre le 5 septembre, jour de ma rentrée à Paris.


14 septembre. — J’ai reçu la visite du Comité de la Société des gens de lettres me priant de le présider. De M. Jules Simon, ministre de l’instruction publique. Du colonel Piré qui commande un corps franc, etc.


16 septembre. — Il y a aujourd’hui un an, j’ouvrais le Congrès de la Paix à Lausanne. Ce matin, j’écris l’Appel aux Français pour la guerre à outrance contre l’invasion.

En sortant, j’ai aperçu au-dessus de Montmartre le ballon captif destiné à surveiller les assiégeants.


17 septembre. — Toutes les forêts brûlent autour de Paris. Charles a visité les fortifications et revient content.

J’ai déposé au bureau du Rappel 2 088 fr. 30, produit d’une souscription pour les blessés faite à Guernesey, envoyé par M. H. Tupper, consul de France.

J’ai déposé en même temps au bureau du Rappel un bracelet et des boucles d’oreilles en or, envoi anonyme d’une femme pour les blessés. À l’envoi était jointe une petite médaille de cou en or pour Jeanne.


20 septembre. — Charles et sa petite famille ont quitté hier l’hôtel Navarin et sont allés s’installer 174, rue de Rivoli. Charles et sa femme continueront, ainsi que Victor, de dîner tous les jours avec moi.

Depuis hier, Paris est attaqué.

Louis Blanc, Gambetta, ministre de l’intérieur, Jules Ferry, membre du Gouvernement, sont venus me voir ce matin.

Je suis allé à l’Institut pour signer la déclaration de l’Institut pour les monuments de Paris[2]. Le secrétariat étant fermé, j’ai pris chez le portier une feuille de papier où j’ai écrit :


J’adhère à la déclaration de l’Institut de France.

Victor Hugo.

Paris, 20 septembre 1870.


21 septembre. — Ce soir la foule, mêlée de soldats et de gardes mobiles, observait au coin de la rue des Martyrs, au 5e étage d’une haute maison, des

  1. Julie Chenay, sœur de Mme  Victor Hugo. (Note de l’éditeur.)
  2. Protestation contre le bombardement des monuments. (Note de l’éditeur.)