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vieux lord campagnard, exerçant, me disait encore le marquis de Normanby, une hospitalité sauvage.

Son éloquence, faite pour la foule et pour l’Irlande, avait peu d’action sur les communes d’Angleterre. Cependant il eut dans sa vie deux ou trois grands succès au parlement. Mais le tréteau lui allait mieux que la tribune.




III


Les séances du parlement d’Angleterre commencent à cinq heures et durent jusque vers minuit, quelquefois elles vont jusqu’à deux ou trois heures du matin. Vers sept heures et demie, on s’en va dîner, députés et ministres, laissant les orateurs pérorer. On revient après le dîner. De là tant d’indigestions et d’apoplexies.

Dans les deux chambres anglaises, les membres siègent en bottes, en paletots et en redingotes, le chapeau sur la tête. On ne se découvre que lorsqu’il vient un message de la couronne. Les membres des communes n’ont pas de costume officiel. Le costume des pairs se compose d’une robe. Le petit costume est une robe de drap rouge, le petit collet (lord Normanby prononçait collier) d’hermine. Des bandes d’hermine appliquées sur la robe indiquent le titre du pair. Les ducs ont quatre bandes à droite et à gauche ; les marquis quatre bandes à droite et trois bandes à gauche ; les comtes trois bandes à droite et trois à gauche ; les vicomtes trois à droite et deux à gauche ; les barons deux bandes seulement de chaque côté. Le grand costume ne se porte que le jour du couronnement. C’est une vaste robe de velours écarlate avec collet d’hermine, sans bandes. Les pairs portent sur la tête la couronne de leur titre.

Lorsqu’il y a conférence entre les comités des deux chambres, les pairs sont assis à une table en habit de ville, avec leur chapeau de cérémonie sur la tête, qui est pointu comme au temps de Charles Ier ; les membres des communes sont debout et découverts.

Il est interdit dans les deux chambres de lire des discours écrits. Un membre des communes essaya un jour de lire des notes. L’orateur le rappela à l’ordre.

Il est également défendu d’y lire le journal, c’est un cas de manque de respect. Si un membre malencontreux s’avise de déployer dans quelque coin un Times ou un Morning Chronicle, toute la chambre se soulève et l’on crie de toutes parts : à l’ordre ! à l’ordre !