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crèce Borgia un soi-disant contre-poison qui, en deux heures, délivra de lui son frère Bajazet.

Jeppo.

Il paraît que ce brave turc n’entendait rien à la politique.

Maffio.

Oui, les Borgia ont des poisons qui tuent en un jour, en un mois, en un an, à leur gré. Ce sont d’infâmes poisons qui rendent le vin meilleur, et font vider le flacon avec plus de plaisir. Vous vous croyez ivre, vous êtes mort. Ou bien un homme tombe tout à coup en langueur, sa peau se ride, ses yeux se cavent, ses cheveux blanchissent, ses dents se brisent comme verre sur le pain ; il ne marche plus, il se traîne ; il ne respire plus, il râle ; il ne rit plus, il ne dort plus, il grelotte au soleil en plein midi ; jeune homme, il a l’air d’un vieillard ; il agonise ainsi quelque temps, enfin il meurt. Il meurt ; et alors on se souvient qu’il y a six mois ou un an il a bu un verre de vin de Chypre chez un Borgia.

Se retournant.


— Tenez, messeigneurs, voilà justement Monte-