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Scène II.


GUBETTA, seul.

Qu’est-ce que c’est que ce Gennaro ? et que diable en veut-elle faire ? Je ne sais pas tous les secrets de la dame, il s’en faut ; mais celui-ci pique ma curiosité. Ma foi, elle n’a pas eu de confiance en moi cette fois, il ne faut pas qu’elle s’imagine que je vais la servir dans cette occasion ; elle se tirera de l’intrigue avec le Gennaro comme elle pourra. Mais quelle étrange manière d’aimer un homme quand on est fille de Roderigo Borgia et de la Vanozza, quand on est une femme qui a dans les veines du sang de courtisane et du sang de pape ! Madame Lucrèce devient platonique. Je ne m’étonnerai plus de rien maintenant, quand même on viendrait me dire que le pape Alexandre Six croit en Dieu ! — (Il regarde dans la rue voisine.) Allons, voici nos jeunes fous du carnaval de Venise. Ils ont eu une belle idée de quitter une terre neutre et libre pour venir à Ferrare après avoir mortellement offensé la duchesse de Ferrare !