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Dona Lucrezia.

Est-ce que notre commune renommée à tous deux, notre renommée infâme, notre renommée de meurtre et d’empoisonnement, ne commence pas à te peser, Gubetta ?

Gubetta.

Pas du tout. Quand je passe dans les rues de Spolette, j’entends bien quelquefois des manants qui fredonnent autour de moi : Hum ! ceci est Gubetta, Gubetta-poison, Gubetta-poignard, Gubetta-gibet ! car ils ont mis à mon nom une flamboyante aigrette de sobriquets. On dit tout cela, et quand les voix ne le disent pas, ce sont les yeux qui le disent. Mais qu’est-ce que cela fait ! Je suis habitué à ma mauvaise réputation comme un soldat du pape à servir la messe.

Dona Lucrezia.

Mais ne sens-tu pas que tous les noms odieux dont on t’accable, et dont on m’accable aussi, peuvent aller éveiller le mépris et la haine dans un cœur où tu voudrais être aimé ? Tu n’aimes donc personne au monde, Gubetta ?