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Quand je viens éveiller ton cœur de jeune fille,
Quand le ciel m’a choisi pour ouvrir à l’amour
Ton âme vierge encore et ta paupière au jour !
Viens, regarde, oh ! l’amour, c’est le soleil de l’âme !
Te sens-tu réchauffée à cette douce flamme ?
Le sceptre que la mort vous donne et vous reprend,
La gloire qu’on ramasse à la guerre en courant,
Se faire un nom fameux, avoir de grands domaines,
Être empereur ou roi, ce sont choses humaines,
Il n’est sur cette terre, où tout passe à son tour,
Qu’une chose qui soit divine, et c’est l’amour !
Blanche, c’est le bonheur que ton amant t’apporte,
Le bonheur, qui, timide, attendait à ta porte !
La vie est une fleur, l’amour en est le miel.
C’est la colombe unie à l’aigle dans le ciel,
C’est la grâce tremblante à la force appuyée,
C’est ta main dans ma main doucement oubliée…
— Aimons-nous ! aimons-nous !

Il cherche à l’embrasser. Elle se débat.
Blanche.

Aimons-nous ! aimons-nous ! Non ! Laissez !

Il la serre dans ses bras, et lui prend un baiser.
Dame Bérarde, au fond du théâtre, sur la terrasse, à part.

Aimons-nous ! aimons-nous ! Non ! Laissez ! Il va bien !

Le Roi, à part.

Elle est prise !
Elle est prise ! Haut.
Elle est prise ! Dis-moi que tu m’aimes !