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patrie, quand on avait le bonheur de rencontrer une hospitalité comme la sienne .... Après avoir pris une tasse de thé, et causé un instant de la France, de Rome, du Pape et des Cardinaux, nous nous levâmes pour aller visiter la demeure qui nous était destinée. Pour de pauvres nomades comme nous, c'était magnifique. On nous octroyait une vaste chambre avec un grand kang ; puis une cuisine séparée, avec fourneaux, marmite et quelques ustensiles ; enfin, une écurie pour le cheval et le mulet. Il y avait vraiment de quoi en pleurer de joie. Nous regrettâmes beaucoup de n'avoir pas à notre disposition un autre khata, afin de remercier immédiatement cet excellent Lama.

Qu'il est puissant l'empire de la religion sur le cœur de l'homme, même lorsque cette religion est fausse, et ignorante de son véritable objet ! Quelle différence entre ces Lamas si généreux, si hospitaliers, si fraternels envers des étrangers, et les Chinois, ce peuple de marchands, au cœur sec et cupide, qui vendent au voyageur jusqu'à un verre d'eau froide ! En voyant l'accueil qu'on nous faisait dans la lamaserie de Kounboum, nos souvenirs se reportèrent involontairement sur ces couvents élevés par l'hospitalité de nos religieux ancêtres, et qui étaient autrefois comme autant d'hôtelleries, où les voyageurs et les pauvres trouvaient toujours le soulagement du corps et les consolations de l'âme.

Le jour même, nous effectuâmes notre déménagement. Les Lamas voisins de la demeure de Sandara s'empressèrent de nous aider. On voyait qu'ils se faisaient un véritable plaisir de transporter, sur leurs épaules, quelque chose de notre bagage. Ce furent eux qui balayèrent, allumèrent