Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

marchaient le front levé, et contraignaient les Chinois à respecter leurs croyances. Ce n'est pas certainement que la religion de Mahomet soit plus en harmonie avec les mœurs chinoises, que le christianisme ; bien au contraire, les chrétiens peuvent, sans manquer à leurs devoirs religieux, vivre dans l'intimité avec les païens, assister à leurs repas, s'envoyer mutuellement des cadeaux, célébrer en même temps les fêtes du nouvel an, toutes choses qui sont défendues aux Hoeï-Hoeï par l'esprit despotique et exclusif de leur religion. Si les chrétiens sont partout opprimés en Chine, il faut s'en prendre à ce grand isolement au milieu duquel ils vivent. Quand l'un d'eux est traîné devant les tribunaux, tous les autres se cachent, au lieu de venir à son secours, et de réprimer par leur nombre l'audace des Mandarins. Aujourd'hui surtout, qu'il existe de nouveaux décrets impériaux favorables au christianisme, si les chrétiens se levaient à la fois sur tous les points de l'empire, et entraient énergiquement en possession de leurs droits, donnant de la publicité au culte, et exerçant sans peur et à la face du soleil leurs pratiques religieuses, nul doute que personne n'oserait attenter à leur liberté. En Chine c'est comme partout ailleurs ; on n'est libre que lorsqu'on le veut bien, et ce vouloir ne résulte que de l'esprit d'association.

Nous approchions du premier jour de l'année chinoise, Déjà on faisait partout des préparatifs ; on renouvelait les sentences écrites sur papier rouge, qui décorent le devant des maisons ; les boutiques se remplissaient d'acheteurs, une activité plus grande encore que de coutume régnait dans tous les quartiers de la ville ; et les enfants, qui