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mouton, on le dépeça, et on alla le faire cuire dans la cuisine. Un grand gala, présidé par le Mufti, fut la clôture de toutes ces cérémonies.

Les Musulmans ou Hoeï-Hoeï sont très-nombreux en Chine, On prétend qu'ils y pénétrèrent sous la dynastie des Thang, qui commença en 618 et finit en 907. Ils furent reçus par l'Empereur, qui, à cette époque, résidait à Si-Ngan-Fou, aujourd'hui capitale du Chan-Si. On les accueillit avec bienveillance. L'Empereur, frappé de la beauté de leur physionomie, les combla de faveurs, et désira les voir s'établir dans l'empire. D'abord ils n'étaient, dit-on, que deux cents ; mais ils se sont tellement multipliés, qu'ils forment aujourd'hui un peuple nombreux et redoutable aux Chinois. Le Kan-Sou, le Yun-Nan, le SseTchouan, le Chan-Si, le Chen-Si, le Chang Toung, le Pe-Tche-Ly, et le Liao-Toung, sont les provinces où ils sont le plus répandus. Il est même certaines localités où ils sont en majorité sur les Chinois. Ils se sont tellement mêlés et fondus dans l'empire, qu'il serait maintenant difficile de les reconnaître, s'ils ne portaient habituellement une petite calotte bleue, pour se distinguer des Chinois. Leur physionomie n'a rien conservé de son type primitif. Leur nez est devenu épaté, leurs yeux se sont rétrécis, et les pommettes de leurs joues ont fait saillie sur leur visage, lis ne comprennent plus un seul mot de l'arabe ; leurs prêtres seuls sont tenus d'apprendre à le lire. Le chinois est devenu leur propre langue. Cependant ils ont conservé une certaine énergie de caractère, qu'on rencontre rarement parmi les Chinois. Quoique en petit nombre, eu égard à l'immense population de l'empire, ils savent pourtant