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partout leur colère. La vue de ces hommes, lors même qu'ils sont calmes et de bonne humeur, est, du reste, faite pour inspirer le plus grand effroi. Ils sont revêtus, en toute saison, d'une large robe en peaux de mouton, grossièrement retroussée aux reins par une épaisse corde en poil de chameau. Abandonnée à elle-même, la robe traînerait jusqu'à terre ; mais lorsqu'elle est relevée, elle n'arrive que jusqu'au-dessus du genou, ce qui donne au buste une tournure boursouflée et monstrueuse. Ils sont chaussés de grosses bottes en cuir, qui montent seulement au-dessus du mollet, et comme ils ne portent pas de culotte, leurs jambes sont toujours à moitié nues. Des cheveux noirs et graisseux descendent, par longues mèches, sur leurs épaules, s'avancent sur leur front, et souvent leur cachent une partie du visage. Leur bras droit est toujours nu, et tout-à-fait hors de la manche, qu'ils rejettent en arrière. Un long et large sabre est passé en travers de leur ceinture, au-dessous de la poitrine ; leur main droite est toujours posée sur la poignée. Ces habitants du désert ont les mouvements brusques et saccadés, la parole brève et énergique. Il y a dans le timbre de leur voix quelque chose de métallique et d'étourdissant. Parmi eux, il en est qui sont extrêmement riches. Ils font consister le luxe à garnir de pierreries le fourreau de leur sabre, et quelquefois à ajouter à leur robe une bordure de peau de tigre. Les chevaux qu'ils conduisent à Tang-Keou-Eul sont d'une beauté remarquable ; ils sont vigoureux, bien faits, et ont la démarche fière. Ils sont de beaucoup supérieurs à ceux delà Tartarie, et justifient pleinement colle locution chinoise : Sima, toung-nieou ... Chevaux de l'occident, bœufs de l'orient.