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s avec lui. Il se mit à apprendre nos prières avec une ardeur qui nous comblait de joie. De temps en temps, pendant la journée, il interrompait ses occupations pour faire le signe de la croix ; il pratiquait cet acte religieux d'une manière si grave et si respectueuse, que nous ne doutions nullement qu'il ne fût chrétien au fond du cœur, Ces excellentes dispositions nous donnaient déjà les plus grandes espérances ; nous nous plaisions à regarder Sandara comme un futur apôtre, qui travaillerait un jour avec succès à la conversion des sectateurs de Bouddha.

Pendant que nous étions entièrement absorbés, maître et élèves, par des études si importantes, Sambadchiemba, qui ne se sentait aucune vocation pour les choses intellectuelles, passait son temps à courir les rues de Tang-Keou-Eul, ou à boire du thé. Ce genre de vie nous déplaisait fort ; nous cherchâmes donc à le tirer de cette oisiveté, et à l'utiliser dans sa spécialité de chamelier. Il fut décidé qu'il prendrait avec lui les trois chameaux, et qu'il irait les faire paître dans une vallée du Koukou-Noor, fameuse par l'abondance et la bonté de ses pâturages. Un Tartare de ce pays nous promit de le recevoir dans sa tente. cette mesure devait avoir le double avantage de procurer à Samdadchiemba une occupation conforme à ses goûts, et aux chameaux une nourriture meilleure et moins coûteuse.

Toutes les merveilles qu'il nous avait semblé découvrir dans Sandara s'évanouirent bientôt comme un beau songe. Ce jeune homme, d'un dévouement si pur en apparence, n'était au fond qu'un roué de Lama, qui cherchait à exploiter nos sapèques. Quand il crut s'être rendu nécessaire, il jeta le masque, et mit en relief tout ce que son caractère