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bourse, il était absurde ; douze bons chameaux nous eussent coûté trois cents onces d'argent ; or nous n'en avions guère que deux cents.

Les huit Ïartares-Khalkhas étaient tous de famille princière. La veille de leur départ, ils reçurent la visite du fils du roi du Koukou-Noor, qui se trouvait alors à Tang-Keou-Eul. Comme la chambre que nous occupions était la plus propre de toutes celles de la Maison de repos, ce fut chez nous qu'eut lieu l'entrevue. Le jeune prince du Koukou-Noor nous étonna par sa belle mine et la grâce de ses manières : il était facile de voir qu'il passait plus de temps à Tang-Keou-Eul que sous la tente mongole : il était vêtu d'une belle robe de drap couleur bleu de ciel ; par-dessus il portait une espèce de gilet en drap violet avec de larges bordures en velours noir. Son oreille gauche était ornée, d'après la mode thibétaine, d'une boucle en or où pendaient quelques joyaux ; sa figure était presque blanche, et respirait une grande douceur ; l'exquise propreté de ses habits n'avait rien de tartare. Comme la visite d'un prince du Koukou-Noor était pour nous presque un événement, nous nous mîmes en frais. Samdadchiemba eut ordre de préparer des rafraîchissements, c'est-à-dire, une grande cruche de thé au lait bien bouillant. Son Altesse royale daigna en accepter une tasse, et le restant fut distribué à son état-major, qui faisait antichambre dans la neige, au milieu de la cour. La conversation roula sur lu voyage du Thibet. Le prince promit aux Tartares-Khalkhas une escorte pour tout le temps qu'ils voyageraient dans ses Etats. — Plus loin, dit-il, je ne réponds de rien ; tout dépendra de votre bonne ou mauvaise destinée. — Il ajouta ensuite, en s'adressant à