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avait été faire la guerre contre les Si-Fan. Le lendemain de notre arrivée, il nous apporta de grand matin, une large feuille de papier où étaient écrits, par ordre, les noms des villes, villages, hameaux et bourgades que nous avions à traverser dans la province du Kan-Sou ; il se mit ensuite à nous faire de la topographie avec tant de feu, tant de gestes, et de si grands éclats de voix, que la tête nous en tournait.

Le temps qui ne fut pas absorbé par les longs entretiens, moitié forcés, moitié volontaires, que nous eûmes avec notre aubergiste, nous le consacrâmes à visiter la ville. Ché-Tsui-Dze est bâtie dans l'enfoncement d'un angle formé d'un côté par les monts Alechan, et de l'autre par le fleuve Jaune. A la partie orientale, le Hoang-Ho est bordé de collines noirâtres, où l'on trouve d'abondantes mines de charbon ; les habitants du pays les exploitent avec activité, et en font la source principale de leur richesse. Les faubourgs de la ville sont composés de grandes fabriques de poteries, où l'on remarque des urnes colossales, servant dans les familles à contenir la provision d'eau nécessaire au ménage, des fourneaux grandioses d'une construction admirable, et un grand nombre de vases de toute forme et de toute grandeur. On fait, dans la province de Kan-Sou, une grande importation de ces nombreuses poteries.

A Ché-Tsui-Dze, les comestibles sont abondants, variés, et d'une modicité de prix étonnante ; nulle part, peut-être, on ne vit avec une aussi grande facilité. A toute heure du jour et de la nuit, de nombreux restaurants ambulants transportent à domicile des mets de toute espèce : des soupes, des ragoûts de mouton et de bœuf, des légumes, des pâtisseries, du riz,