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des Sié-Kia, qui, étant d'intelligence avec les marchands de la ville, trouvent ainsi à gagner de part et d'autre.

Quand nous partîmes de Si-Ning-Fou, il se trouva que le Sié-Kia n'avait pas fait sur nous un grand profit ; car nous n'avions ni rien vendu, ni rien acheté. Cependant, comme il eût été ridicule et injuste de vivre ainsi aux dépens du prochain, nous dédommageâmes le chef de la Maison de repos, et nous lui payâmes le séjour que nous avions fait chez lui, au taux des hôtelleries ordinaires.

Après avoir traversé plusieurs torrents, gravi grand nombre de collines rocailleuses, et franchi encore deux fois la grande muraille, nous arrivâmes à Tang-Keou-Eul. Nous étions au mois de janvier ; quatre mois à peu près s'étaient écoulés depuis notre départ de la Vallée-des-Eaux-Noires. Tang-Keou-Eul est une petite ville, mais très-populeuse, très-active et très-commerçante. C'est une véritable tour de Babel : on y trouve réunis les Thibétains orientaux, les Houg-Mao-Eul ou Longues-Chevelures, les Oelets, les Kolo, les Chinois, les Tartares de la mer Bleue, et les Musulmans descendants d'anciennes migrations du Turkestan. Tous portent dans cette ville le caractère de la violence. Chacun marche dans les rues armé d'un grand sabre, et affectant dans sa démarche une indépendance féroce. Il est impossible de sortir sans être témoin de quelque bataille.


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