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Il dut pourtant en passer par là ; car nous ne pouvions pas même supporter l'idée d'aller encore à cheval. Nos jambes avaient enfourché tant de chevaux de tout âge, de toute grandeur, de toute couleur et de toute qualité, qu'elles n'en voulaient plus ; elles aspiraient irrésistiblement à s'étendre en paix dans un palanquin. Cela leur fut accordé, grâce à la persévérance et à l'énergie de nos réclamations.

L'escorte thibétaine, qui nous avait accompagnés si fidèlement pendant cette longue et pénible route, faisait, de son côté, ses préparatifs pour retourner à Lha-Ssa, Nous remimes au Lama Dchiamdchang une lettre pour le Régent, dans laquelle nous le remerciâmes de nous avoir donné une escorte si dévouée, et qui n'avait cessé de nous faire souvenir, tous les jours de notre voyage, des bons traitements que nous avions reçus à Lha-Ssa. En nous séparant de ces bons Thibétains, nous ne pûmes nous empêcher de verser des larmes ; car insensiblement, et comme à notre insu, il s'était formé entre nous des liens qu'il était bien pénible de rompre. Le Lama Dchiamdchang nous dit en secret, qu'il était chargé de nous rappeler, au moment de nous quitter, la promesse que nous avions faite au Régent. Il nous demanda si l'on pouvait compter de nous revoir à Lha-Ssa. — Nous lui répondîmes que oui ; car à cette époque nous étions bien loin de prévoir de quelle nature seraient les obstacles qui s'opposeraient à notre rentrée dans le Thibet.

Le lendemain, à l'aube du jour, nous entrâmes dans nos palanquins, et nous fûmes portés aux frais du trésor public, jusqu'à la capitale de la province du Sse-Tchouen où, par