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jours du mois de juin 1846. Il y avait près de trois mois que nous étions partis de Lha-Ssa ; d'après l'Itinéraire chinois, nous avions parcouru cinq mille cinquante lis.

Ta-Tsien-Lou signifié la forge des flèches ; ce nom a été donné à la ville, parce que, l'an 234 de notre ère, le général Wou-Heou, en dirigeant son armée contre les pays méridionaux, envoya un de ses lieutenants pour y établir une forge de flèches. Cette contrée a tour à tour appartenu aux Thibétains et aux Chinois ; depuis une centaine d'années, elle est considérée comme partie intégrante de l'empire.

« Les murs et les fortifications de Tsa-Tsien-Lou, dit l'Itinéraire chinois, sont en pierre de taille. Des Chinois et des Thibétains y habitent mêlés ensemble. C'est par là que les officiers et les corps de troupe qu'on envoie au Thibet, sortent de la Chine. Il y passe aussi une grande quantité de thé qui vient de la Chine, (et qui est destiné à alimenter les provinces du Thibet ;) c'est à Ta-Tsien-Lou, que se tient la principale foire de thé ...

« Quoique les habitants de ce canton soient très-adonnés à la croyance de Bouddha, ils cherchent à faire de petits profits ; cependant ils sont sincères et justes, et se montrent soumis et obéissants, de sorte que rien, même la mort, ne peut changer leur bonne disposition naturelle. Comme ils sont depuis longtemps accoutumés au gouvernement chinois, ils y sont d'autant plus attachés. »

Nous nous reposâmes trois jours à Ta-Tsien-Lou. Pendant ce temps, nous eûmes à nous quereller plusieurs fois par jour avec le principal Mandarin du lieu, qui ne voulait pas consentir à nous faire continuer notre route en palanquin.