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pénible que nous allions prendre. Le lendemain de notre sortie de Ho-Kiao-Y, nous commençâmes à gravir la haute montagne de Ping-Keou dont les sentiers pleins d'affreuses aspérités, présentaient à nos chameaux des difficultés presque insurmontables. Chemin faisant, nous étions obligés de pousser continuellement de grands cris, pour avertir les muletiers qui auraient pu se trouver sur cette route, si étroite et si dangereuse, que deux animaux ne pouvaient y passer de front. Par ces cris, nous invitions ceux qui venaient à l’encontre de la caravane, de prendre leur temps pour conduire leurs mulets à l'écart, s'ils ne voulaient pas les voir s'épouvanter à l'aspect de nos chameaux, et se précipiter dans les gouffres. Nous étions partis du pied de la montagne avant le jour, et ce ne fut qu'à midi que nous pûmes en atteindre le sommet. Là, nous trouvâmes une petite hôtellerie, où l'on vendait, en guise de thé, une infusion de fèves grillées ; nous nous arrêtâmes un instant pour prendre un repas qui fut succulent, car il était composé d'un grand appétit, de quelques noix, et d'une tranche de ce fameux pain des Dchiahours dont nous usions avec la plus grande parcimonie. Une tasse d'eau froide devait être, d'après notre plan, le complément de notre festin ; mais on ne pouvait se procurer, sur cette montagne, qu'un liquide d'une puanteur insupportable. Nous dûmes donc avoir recours à l'infusion des fèves grillées, boisson fastidieuse, et qui cependant nous fut vendue assez cher.

Le froid fut loin d'être aussi rigoureux que nous l'avions redouté, d'après la saison et la hauteur de la montagne. Après midi, le temps fut même assez doux ; le ciel se couvrit