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creux, comme celui de presque tous les animaux qui vivent vers le nord des monts Himalaya, extrêmement rude et toujours hérissé ; sa couleur est noire à la partie inférieure, blanche au milieu, et tirant sur le gris à la partie supérieure. Une vessie, suspendue sous le ventre du côté du nombril, renferme la substance précieuse du musc.

Les habitants de la vallée schisteuse, prennent à la chasse un quantité si considérable de daims musqués, que, dans leurs maisons, on ne voit de toutes parts que des peaux de cet animal, suspendues à des chevilles plantées aux murs. Ils utilisent le poil pour rembourrer les épais coussins où ils sont accroupis pendant le jour, et les espèces de matelas qui leur servent de lit ; ils trouvent dans le musc la source d'un commerce très-lucratif avec les Chinois.

Le lendemain de notre arrivée à Ché-Pan-Keou, nous dîmes adieu aux habitants de la vallée, et nous continuâmes notre route. Dans les trois stations qui suivirent, on fut encore sans pitié sur la question des oulah. Les Chinois de la caravane étaient exaspérés de la conduite de ces montagnards sauvages, qui, disaient-ils, n'entendaient rien aux rites, et n'avaient aucune idée du juste et de l'injuste. Pour notre compte, nous nous sentions, au contraire, de la sympathie pour ces hommes à tempérament rude et vigoureusement trempé ; leurs manières, il est vrai, étaient peu raffinées, mais leur naturel était la générosité et la franchise même ; à nos yeux, le fond emportait la forme.

Nous arrivâmes enfin à Kiang-Tsa, et les Chinois commencèrent à respirer ; car nous entrions dans un pays moins hostile. Kiang-Tsa est une vallée très-fertile, et dont