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se joindre la récitation du Bréviaire, nous empêchaient de nous ennuyer pendant notre séjour à Ho-Kiao-Y. Le temps s'écoula assez vile, et au huitième jour, comme il avait été convenu, Samdadchiemba reparut, mais il n'était pas seul ; il était accompagné d'un petit jeune homme, qu'aux traits de la physionomie il nous fut facile de reconnaître pour son frère ; il nous fut en effet présenté comme tel. Cet te première entrevue ne fut que d'un instant ; les deux Dchiahours disparurent aussitôt, et allèrent, comme en cachette, dans la demeure de l'aubergiste. Nous pensâmes d'abord qu'ils voulaient présenter leurs civilités au maître d'hôtel, mais ce n'était pas cela ; ils reparurent bientôt après, avec un peu plus de solennité que la première fois. Samdadchiemba entra le premier : Babdcho, dit-il à son frère, prosterne-toi devant nos maîtres, et fais leur les offrandes de notre pauvre famille. — Le jeune Dchiahour nous fit trois saluts à l'orientale, et nous présenta ensuite deux grands plats, l'un chargé de belles noix, et l'autre de trois gros pains, qui, par leur forme, nous rappelèrent ceux de France. Pour prouver à Samdadchiemba combien nous étions sensibles à son attention, immédiatement et sans désemparer nous entamâmes un pain, que nous mangeâmes avec des noix. Nous fîmes un repas délicieux ; car, depuis notre départ de France, nous n'avions jamais savouré un pain d'aussi bon goût.

Nous ne fûmes pas longtemps sans remarquer que le costume de Samdadchiemba était réduit à sa plus simple expression ; nous étions surpris de le voir revenir avec de misérables habits, tandis qu'il était parti très-convenablement habillé. Nous lui demandâmes compte do ce changement ; il