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eurent recours à la ruse et aux cajoleries, mais tout fut inutile. Ly-Kouo-Ngan n'eut d'autre moyen, pour terminer l'affaire, que d'ouvrir son coffre-fort, et de peser la somme demandée. Les oulah ne tardèrent point à arriver, et l'on s'occupa avec activité de l'organisation de la caravane, afin de quitter le plus tôt possible ce village de Gaya, que les Chinois trouvaient barbare et inhabitable, mais qui nous avait paru à nous extrêmement pittoresque.

De Gaya à Angti où l'on devait changer les oulah, ce ne fut qu'une petite course de trente lis. Les Chinois étaient désespérés d'avoir été forcés de dépenser tant d'argent pour faire si peu de chemin ; mais ils n'étaient encore qu'au début de leurs misères, car nous devions rencontrer des tribus thibétaines encore moins traitables que celles de Gaya.

La neige, qui nous avait donné quelques jours de répit, depuis notre départ de Tsiamdo, vint de nouveau nous assaillir le soir même de notre arrivée à Angti. Pendant la nuit et le jour suivant, elle tomba en si grande abondance, que nous ne pouvions sortir de notre habitation sans en avoir jusqu'aux genoux. Pour comble d'infortune, nous avions à franchir, en quittant Angti, une des montagnes les plus escarpées et les plus dangereuses de cette route. L'Itinéraire chinois s'exprimait ainsi : A Angti, on traverse une grande montagne neigeuse ; le chemin est très-raide ; les neiges accumulées ressemblent à une vapeur argentée. Le brouillard que la montagne exhale pénètre dans le corps et rend les Chinois malades. »

Selon une tradition populaire du pays, dans les temps anciens, un chef de la tribu de Angti, guerrier fameux et