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philippiques, il faisait sans cesse revenir l'affaire du Nomekhan. On voyait qu'il s'intéressait vivement au sort de ce grand Lama, qu'il regardait comme une victime de la cour de Péking. Le Pacificateur des royaumes se garda bien de faire de l'opposition ; il fit semblant de partager les sentiments de Proul-Tamba, et s'empressa d'accueillir toutes ses paroles par de petites inclinations de tête. Enfin, il se hasarda à lâcher quelques mots touchant le départ et les oulah. — Les oulah ! répondit Proul-Tamba ; désormais, il n'y en aura plus pour les Chinois, à moins qu'ils ne consentent à les payer convenablement. C'est bien assez que nous laissions des Chinois pénétrer dans nos pays, sans que nous ayons encore la sottise de leur fournir gratuitement des oulah ... Cependant, comme je te connais depuis longtemps, on fera aujourd'hui une exception pour ta caravane. Tu conduis, d'ailleurs, deux Lamas du ciel d'occident, qui m'ont été recommandés par le premier Kalon de Lha-Ssa, et qui ont droit à mes services... Où est le Dhéba de Bagoung ? qu'il avance. — L'individu qui. la veille, était venu nous dire : Point d'argent, point de oulah ..., se présenta : il posa un genou en terre devant le Grand-Chef, et lui tira respectueusement la langue. — Qu'on conduise les oulah à l'instant, s'écria Proul-Tamba, et que tout le monde fasse son devoir ! — Les Thibétains qui se trouvaient dans la cour du corps de garde, poussèrent, tous ensemble, une grande acclamation, et se rendirent en courant au village voisin. Proul-Tamba se leva ; et, après nous avoir invités à aller prendre le thé dans sa maison, qui se trouvait sur notre route, il sauta à cheval,