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résonner dans l'intérieur de la montagne, le murmure des prières lamaïques.

Dans le Thibet, nous n'avions presque jamais rencontré sur notre route que des montagnes de nature granitique, toujours remarquables par ces amas d'énormes pierres entassées les unes sur les autres, affectant ordinairement une forme d'origine quadrangulaire, mais grossièrement arrondie sur les angles par l'action incessante du vent et de la pluie. Ces grandes masses calcaires, que nous aperçûmes sur la route de Bagoung, ne pouvaient manquer de fixer notre attention. Le pays, en effet, commençait à changer totalement d'aspect. Pendant plus de quinze jours nous ne cessâmes de voir des montagnes calcaires, donnant un marbre aussi blanc que la neige, à grain fin et très serré. Les bergers de ces contrées sont dans l'usage d'en extraire de grandes dalles, sur lesquelles ils gravent l'image de Bouddha, ou la formule Om mani padmé houm, et qu'ils exposent ensuite sur les bords des chemins. Ces gravures restent, un nombre considérable d'années, sans se déformer le moins du monde ; car ce marbre ayant une grande quantité de silex intimement mélangé au carbonate de chaux, il est d'une dureté extrême. Avant d'arriver à Bagoung, nous eûmes pendant quatre ou cinq lis, un chemin continuellement bordé à droite et à gauche, par deux lignes non interrompues de ces inscriptions bouddhiques. Nous rencontrâmes même plusieurs Lamas occupés à graver des mani sur des plaques de marbre.

Nous arrivâmes au petit village de Bagoung peu de temps avant la nuit. Nous allâmes mettre pied à terre au corps de garde chinois, composé de quelques maisonnettes