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ces petits barbares, c'est ce qui est contraire a tons les usages ... Est-ce que cet homme aurait encore envie d'amasser de l'argent en faisant voir ces bêtes du Thibet ?.... — Plus d'une fois des propos de ce genre vinrent exciter notre indignation. Nous nous fîmes toujours un devoir de prendre parti pour ce brave père de famille, de louer sa belle conduite, et de réprouver hautement la barbarie et l'immoralité des usages chinois.

Peu de temps après que nous eûmes admis dans notre caravane la petite et intéressante troupe de Tsiamdo, nous laissâmes sur notre droite la rivière Dza-Tchou, et nous franchîmes une montagne couverte de grands arbres et d'énormes rochers enveloppés de larges plaques de lichens. Nous rejoignîmes ensuite la rivière, nous la côtoyâmes sur un sentier scabreux pendant quelques lis, et nous arrivâmes à Meng-Phou. Nous n'avions fait guère plus de huit lieues, mais nous étions brisés de fatigue. Les trois jours de repos que nous avions pris à Tsiamdo, nous ayant fait perdre un peu l'habitude du cheval, nous n'avions pu qu'à grand'peine remettre nos jambes au pli. Meng-Phou est une réunion de sept à huit maisonnettes construites en pierres brutes, dans un large et profond ravin.

Le lendemain, nous voyageâmes sur la crête d'une haute montagne, étant continuellement obligés de monter et de descendre pour aller d'un mamelon à un autre. Dans cette route, nous dûmes fréquemment franchir des précipices sur des ponts de bois qui, selon l'expression de l'Itinéraire chinois, sont suspendus dans la région des nuages. Après soixante lis de marche, nous arrivâmes à Pao-Tun, où nous changeâmes les oulah, et où nous commençâmes