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Quand nous arrivâmes à Tsiamdo, la guerre avait cessé depuis quelques jours, et on avait consenti à une trêve, dans l'espoir de réconcilier les deux partis. Des négociateurs Thibétains et Chinois avaient été envoyés conjointement par le Talé-Lama, et par l'ambassadeur Ki-Chan. Le jeune Houtouktou de Djaya avait été appelé à cette espèce de congrès, et de crainte de trahison, il s'y était rendu avec une formidable escorte de ses plus braves partisans. Plusieurs conférences avaient eu lieu, sans produire aucun résultat satisfaisant. Ni l'un ni l'autre des deux prétendants ne voulait rien céder de ses prétentions ; les partis étaient irréconciliables, et tout faisait présager que la guerre allait bientôt recommencer avec un nouvel acharnement. Il nous parut que le parti du jeune Houtouktou avait toutes les chances de triomphe, parce qu'il était le plus national, et par conséquent le plus populaire et le plus fort. Ce n'est pas que son titre fût au fond plus authentique, et valut mieux que celui de son compétiteur ; mais il était facile de voir que le vieux Houtouktou de Tsiamdo froissait la fierté de ses tribus, en réclamant l'arbitrage des Chinois, et en s'appuyant sur la protection du gouvernement de Péking. Toute intervention étrangère est odieuse et détestée. Cela est vrai, non-seulement en Europe, mais encore parmi les montagnards du Thibet, et partout où il existe des peuples qui ont quelque souci, de leur indépendance et de leur dignité.

Notre séjour à Tsiamdo ne se ressentit en rien de cet état d'irritation et de colère dans lequel se trouvaient tous les esprits. Nous fûmes traités avec ces témoignages d'attention et de bienveillance que nous avions partout rencontrés