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vides, ou recouverts de décombres. A part quelques constructions de fraîche date, tout le reste porte l'empreinte d'une extrême vétusté. La population nombreuse qu'on remarque dans les divers quartiers de la ville, est sale, mal peignée, et croupit dans une oisiveté profonde.

Il nous a été difficile de deviner quels pouvaient être les moyens d'existence des habitants de Tsiamdo ; ils sont sans arts, sans industrie, et on peut dire aussi, presque sans agriculture. Les environs de la ville ne présentent, en général, que des plages sablonneuses, et très-peu favorables à la culture des céréales. On y fait pourtant quelques récoltes d'orge grise, mais elles sont, sans doute, bien insuffisantes pour l'alimentation du pays. Il est possible que le musc, les peaux de bœufs sauvages, la rhubarbe, les turquoises bleues et la poudre d'or, fournissent à ces populations, les moyens de faire un peu de commerce, et de se procurer les choses nécessaires à la vie.

Quoique Tsiamdo soit un lieu de peu de luxe et d'élégance, on peut y admirer, néanmoins, une grande et magnifique lamaserie, située vers l'ouest, sur une plate-forme élevée qui domine le reste de la ville. Elle est habitée par environ deux mille Lamas, qui, au lieu d'avoir chacun leur petite maisonnette, comme cela se pratique dans les autres couvents bouddhiques, demeurent tous ensemble dans de vastes édifices, dont le temple principal est entouré. Les décorations somptueuses qui ornent ce temple, le font regarder comme un des plus beaux et des plus riches du Thibet. La lamaserie de Tsiamdo a pour supérieur ecclésiastique un Lama Hotouktou, qui est en même temps souverain temporel de toute la province de Kham.