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craindre le moins du monde la chute de la neige et de la grêle. Jamais, peut-être, la caravane n'avait été aussi bruyante que ce jour-là.

L'aspect du plateau de Wa-Ho est profondément triste et mélancolique. Aussi loin que la vue peut s'étendre, on n'aperçoit jamais que la neige ; pas un seul arbre, pas même une seule trace d'animal sauvage, qui vienne interrompre la monotonie de cette immense plaine. Seulement, de distance en distance, on rencontre quelques longues perches noircies par le temps, qui servent à guider la marche des caravanes. Sur cette longue montagne, les voyageurs ne trouvent pas même un endroit où ils puissent préparer leur thé, et prendre un peu de nourriture. Ceux qui n'ont pas la force de passer vingt heures sans boire ni manger, dévorent, chemin faisant, quelques poignées de neige et un peu de pâte de tsamba préparée à l'avance.

Pendant toute la journée, le ciel fut continuellement pur et serein, sans que le plus petit nuage vînt un seul instant voiler les rayons du soleil. Cet excès de beau temps fut pour nous la source de bien grandes souffrances ; l'éclat de la neige était si vif et si éblouissant, que les lunettes de crin furent incapables de préserver nos yeux d'une dévorante inflammation.

Au moment où les ténèbres commençaient à se répandre sur la montagne, nous étions sur les bords du plateau. Nous descendîmes par un chemin étroit et escarpé ; et, après mille circuits dans une gorge profonde, nous arrivâmes enfin au relais de Ngenda-Tchaï, où tout le monde passa la nuit au milieu d'intolérables souffrances. Chacun poussait