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eux, et les punit en les accablant de grêle et de neige. — En vérité, tu parais parler sérieusement. Est-ce que tu crois qu'un crapaud ait pu se diviniser et devenir Esprit ? — Pourquoi pas, si chaque nuit il a été exact à adorer la Grande Ourse ? — ... Quand Ly-Kouo-Ngan en venait à son singulier système de la Grande Ourse, il n'y avait plus moyen de raisonner avec lui. Nous nous contentâmes donc de le regarder en souriant et sans lui répondre. — Bon, ajouta-t-il, vous riez parce que je parle des sept étoiles. Au fait, puisque vous ne croyez pas à leur influence, j'ai tort de vous en parler ; j'aurais dû me contenter de vous dire que le crapaud de Wa-Ho s'était divinisé, parce qu'il avait toujours vécu dans la solitude, sur une montagne sauvage et inaccessible aux hommes. Est-ce que ce ne sont pas les passions des hommes qui pervertissent tous les êtres de la création, et les empêchent de se perfectionner ? Est-ce que les animaux ne deviendraient pas à la longue des Esprits, s'ils ne respiraient pas un air empoisonné par la présence de l'homme ? — Cette raison nous ayant paru un peu plus philosophique que la première, nous lui accordâmes les honneurs d'une réponse sérieuse. Ly-Kouo-Ngan, qui avait le raisonnement droit, quand il ne se laissait pas embrouiller par sa Grande Ourse, finit par douter de la puissance du crapaud divinisé, et de la protection du Kiang-Kiun Mao-Ling ... Au moment où nous allions faire notre prière du soir, Ly-Kouo-Ngan nous dit : — Quoi qu'il en soit du crapaud et du Kiang-Kiun, il est certain que la route de demain sera fatigante et dangereuse ; puisque vous êtes des Lamas du Seigneur du ciel, priez-le de protéger la caravane. — C'est ce que nous faisons tous les jours, lui répondîmes-nous ;