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de la caravane, discutaient avec emportement la question du départ, nous prîmes l'Itinéraire chinois, et nous y lûmes le passage suivant : «  La montagne de Tanda est extrêmement escarpée et difficile à gravir ; un ruisseau y découle en serpentant par un étroit ravin ; pendant l'été son lit est fangeux et glissant, et pendant l'hiver, il est couvert de glace et de neige. Les voyageurs armés de bâtons les traversent les uns après les autres comme une file de poissons ... C'est le passage le plus difficile sur tout le chemin qui conduit à Lha-Ssa. « A la lecture de cette dernière phrase, le livre nous tomba des mains ... Après un moment de stupeur, nous reprîmes le livre pour bien nous assurer si nous avions lu exactement ; nous ne nous étions pas trompés, il y avait en toutes lettres : « C'est le passage le plus difficile sur tout le chemin qui conduit à Lha-Ssa. «  La perspective d'avoir à suivre une route encore plus difficile que celle de Alan-To, avait de quoi nous figer le sang dans les veines. L'ambassadeur Ki-Chan, nous disions-nous, est évidemment un lâche assassin. N'ayant pas osé nous tuer à Lha-Sha, il nous a envoyés mourir au milieu des neiges ... Cet accès de découragement ne dura qu'un instant ; Dieu, dans sa bonté, nous rendit peu a peu toute notre énergie, et nous nous levâmes pour prendre part à la discussion qui s'était engagée autour de nous ; il fut résolu que, le lendemain, quelques hommes de la caravane partiraient avant le jour pour aller sonder la profondeur de la neige, et s'assurer, par leurs propres yeux, du véritable état des choses.

Vers midi, les explorateurs de la route furent de retour, et annoncèrent que le mont Tanda était infranchissable.