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abondant, dont les eaux charrient une grande quantité de paillettes d'or. C'est pour cette raison que les Chinois donnent à cette vallée le nom de Kin-Keou, c'est-à-dire Gorge-d'Or.

Les maisons de Lang-Ki-Tsoung sont d'une construction extrêmement remarquable ; il n'y entre absolument que des troncs d'arbres dépouillés de leur écorce, et dont on a retranché les deux extrémités, afin qu'ils aient à peu près la même dimension dans toute leur longueur. D'énormes pieux sont d'abord plantés en terre, à une grande profondeur ; la partie qui s'élève au-dessus du sol a tout au plus deux pieds de hauteur. Sur ces pieux, on arrange ensuite horizontalement, et les uns à côté des autres, les troncs de sapin qu'on a déjà préparés ; cela forme comme la base et le plancher de la maison. Des troncs semblables aux premiers, et placés les uns au-dessus des autres, servent à construire des murs remarquables par leur épaisseur et leur solidité. Le toit est encore fait avec des troncs recouverts de larges écorces d'arbre, qu'on dispose comme des ardoises. Ces maisons ressemblent entièrement à d'énormes cages dont tous les barreaux seraient étroitement serrés les uns contre les autres. Si entre les jointures, il se trouve quelques légers interstices, on les bouche avec de la fiente de bœuf. On fait quelquefois, d'après cette méthode, des habitations très-grandes, et à plusieurs étages ; elles sont très chaudes, et toujours à l'abri de l'humidité. Elles ont seulement l'inconvénient d'avoir un plancher très-inégal et extrêmement désagréable. Si jamais il prend fantaisie aux habitants de Lang-Ki-Tsoung d'adopter l'usage de donner des bals à domicile, ils seront peut-être