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pour franchir encore une formidable montagne que nous devions rencontrer sur notre route.

Le gros village de Lha-Ri est bâti dans une gorge entourée de montagnes stériles et désolées ; ce district ne présente pas les moindres vestiges de culture, et l'on est obligé d'aller chercher ailleurs la farine de Tsing-Kou. Les habitants sont presque tous bergers ; ils nourrissent des troupeaux de moutons, de bœufs grognants, et surtout de chèvres dont le poil fin et moelleux sert à fabriquer les pou-lou de première qualité, et ces belles étoffes si connues sous le nom de châles de Kachemir. Les Thibétains de Lha-Ri sont beaucoup moins civilisés que ceux de LhaSsa : leur physionomie a quelque chose de dur et de sauvage ; ils sont habillés salement, leurs maisons ne sont que de grandes masures informes, construites avec de la pierre brute et grossièrement enduites de limon. On remarque pourtant, sur les flancs de la montagne, un peu au-dessus du village, un vaste couvent bouddhique dont le temple est assez beau : un Kampo est supérieur de cette lamaserie, et en même temps administrateur temporel du canton. Les nombreux Lamas de Lha-Ri mènent une vie paresseuse et abjecte ; nous les avons vus, à toute heure du jour, couchés ou accroupis en grand nombre dans les quartiers de la ville, essayant de réchauffer, aux rayons du soleil, leurs membres à moitié couverts de quelques haillons rouges et jaunes ; c'était un spectacle dégoûtant.

A Lha-Ri, le gouvernement chinois entretient un magasin de vivres, confié à l'administration d'un Mandarin lettré, portant le titre de Leang-Taï (fournisseur), et décoré du globule de cristal blanc. Le Leang-Taï est chargé de distribuer