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de transport à la fois si commode, si expéditif, et surtout si raffraîchissant.

Au bas du glacier, chacun rattrapa son cheval comme il put, et nous continuâmes notre route, selon la méthode vulgaire. Après une descente peu rapide, nous laissâmes derrière nous la montagne des Esprits, et nous entrâmes dans une vallée parsemée ça et là de larges plaques de neige qui avaient résisté aux rayons du soleil. Nous longeâmes pendant quelques instants les bords glacés d'une petite rivière, et nous arrivâmes enfin au poste de Lha-Ri. Il y eut à la porte de la ville, comme à Ghiamda, une réception militaire. Le Dhéba du lieu vint nous offrir ses services, et nous allâmes occuper le logement qui nous avait été préparé dans une pagode chinoise, nommée Kouang-Ti-Miao (1)[1], c'est-à-dire temple du Dieu de la guerre. De Lha-Ssa à Lha-Ri, on compte mille dix lis (cent et une lieues) ; il y avait quinze jours que nous étions en route.

Aussitôt que nous fûmes installés dans notre habitation, il fut convenu à l'unanimité entre Ly-Kouo-Ngan, le Lama Dsiomdchang et nous, qu'on s'arrêterait un jour à Lha-Ri. Quoique les oulah fussent déjà préparés, nous jugeâmes prudent de faire une courte halte, et de puiser, dans une journée de repos, les forces qui nous étaient nécessaires

  1. (1) Kouang-Ti, célèbre général qui vivait au troisième siècle ; après de nombreuses et fameuses victoires, il fut mis à mort avec son fils. Les Chinois disent qu'il n'est pas mort réellement, mais qu'il monta au ciel où il prit place parmi les dieux. Les Mantchous qui règnent actuellement en Chine, l'ont nommé Kouang-Ti, Esprit tutélaire de leur dynastie, et lui ont élevé un grand nombre de temples. On le représente ordinairement assis, ayant à sa gauche son fils Kouang-Ping qui se tient debout, et à sa droite son écuyer d'une ligne brune et presque noire.