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tchirou est couvert d'un duvet très-fin et doux, comme presque tous les quadrupèdes qui habitent les hautes régions des monts Himalaya, et spécialement comme les chèvres dites de Kachemir.

Le docteur Abel a proposé de donner au tchirou le nom systématique d' antilope Hodgsonii, d'après celui du savant qui a mis son existence hors de doute (1)[1].

A Atdze, nous changeâmes les oulah, quoique nous n'eussions que cinquante lis à parcourir avant d'arriver à la résidence de Lha-Ri. Il nous fallait des animaux frais et accoutumés à la route épouvantable que nous avions devant nous. Une seule montagne nous séparait de Lha-Ri, et pour la franchir, il était, disait-on, nécessaire de partir de grand matin, si nous voulions arriver avant la nuit. Nous consultâmes l'Itinéraire, et nous y trouvâmes la jolie description que voici : « Plus loin, on passe par une grande montagne dont les sommets s'élèvent à pic. Les glaces et les neiges n'y fondent pas pendant les quatre saisons de l'année. Ses abîmes ressemblent aux bords escarpés de la mer ; souvent le vent les comble de neige ; les chemins y sont presque impraticables, tant la descente est rapide et glissante... » Comme on le voit, ce court, mais énergique aperçu, ne nous promettait pas pour le lendemain

  1. (1) L'antilope-licorne dojhibet est probablement l' oryx-capra des anciens. On le trouve encore dans les déserts de la haute-Nubie, où on le nomme ariel. La licorne, en hébreu réem et en grec monoceros, telle qu'elle est représentée dans la Bible et dans Pline le naturaliste, ne peut être identifiée avec l' oryx-capra. La licorne des livres saints paraît être un pachyderme d'une force prodigieuse et d'une épouvantable férocité. Au rapport des voyageurs, elle existe dans l'Afrique centrale, et les Arabes lui donnent le nom de Aboukarn.