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c'est-à-dire l'animal à une corne, ou kio-touan, corne droite. Les Mongols confondent quelquefois la licorne avec le rhinocéros, nommé en mantchou, bodi gourgou, et en sanscrit, khadga, en appelant ce dernier également kéré. »

La licorne se trouve mentionnée pour la première fois, chez les Chinois, dans un de leurs ouvrages qui traite de l'histoire des deux premiers siècles de notre ère. Il y est dit que le cheval sauvage, l'argali et le kio-touan sont des animaux étrangers à la Chine, qu'ils vivent dans la Tartarie, et qu'on se servait des cornes du dernier, pour faire les arcs appelés arcs de licorne.

Les historiens chinois, mahométans et mongols, rapportent unanimement la tradition suivante, relative à un fait qui eut lieu en 1224, quand Tchinggiskhan se préparait à aller attaquer l'Indoustan. «  Ce conquérant ayant soumis le Thibet, dit l'histoire mongole, se mit en marche pour pénétrer dans l’Enedkek (l'Inde). Comme il gravissait le mont Djadanaring, il vit venir à sa rencontre une bête fauve, de l'espèce appelée serou, qui n'a qu'une corne sur le sommet de la tête ; cette bête se mit trois fois à genoux devant le monarque, comme pour lui témoigner son respect. Tout le monde étant étonné de cet événement, le monarque s'écria : L'empire de l'Indoustan est, à ce qu'on assure, le pays où naquirent les majestueux Bouddhas et Boddhisatvas, ainsi que les puissants Bogdas, ou princes de l'antiquité ; que peut donc signifier que cette bête privée de parole me salue comme un homme ? Après ces paroles, il retourna dans sa patrie. »