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sans façon notre route. À l'entrée de la ville, nous eûmes, à notre tour, notre petite réception officielle. Deux Thibétains en habits de fête saisirent, pour nous faire honneur, la bride de notre cheval, et nous conduisirent à la maison qui nous avait été préparée. Là nous attendait le Dhéba ou premier magistrat du district, qui nous offrit une écharpe de félicité, et nous introduisit dans une salle où était une table déjà servie de thé au lait, de beurre, de galettes et de fruits secs. Dans toutes ces marques de bienveillance et d'attention, nous ne pûmes nous empêcher de voir un effet des ordres que le Régent avait envoyés.

Pendant que nous faisions honneur à cette modeste collation, on vint nous annoncer que nous serions obligés de nous arrêter pendant deux jours à Ghiamda, parce que le Dhéba du district n'ayant reçu que dans la matinée la nouvelle de notre prochaine arrivée, n'avait pas eu le temps d'envoyer chercher les animaux, qui se trouvaient au pâturage, à une distance très-éloignée de la ville. Cette nouvelle nous fut très-agréable ; mais elle plongea dans la désolation Ly-Kouo-Ngan et le Lama Dsiamdchang. Nous essayâmes de les consoler, en leur disant que, lorsqu'on n'était pas maître de diriger les événements, il fallait les subir avec calme et résignation. Nos deux conducteurs trouvaient notre doctrine magnifique en théorie, mais la pratique était peu de leur goût. Cependant ils furent obligés de convenir, dans la suite, que ce retard était venu assez à propos ; car, pendant les deux jours que nous restâmes à Ghiamda, le ciel fut si sombre, le vent du nord souffla avec tant de violence, et la neige tomba si abondamment,