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de tout, ont trouvé moyen de spéculer sur les oulah que leur fournit le gouvernement thibétain. Avant de partir de Lha-Ssa, ils intriguent, par tous les moyens imaginables, afin d'obtenir qu'on inscrive sur leur feuille de roule un grand nombre d'animaux ; ils exigent ceux qui leur sont absolument nécessaires, et reçoivent pour l'excédant une compensation en argent, que les riches Thibétains aiment mieux leur donner que d'exposer les animaux aux dangers de la route. Il en est d'autres qui réclament le oulah complet, et l'emploient à transporter en Chine des marchandises thibétaines. Ly-Kouo-Ngan que nous avons vu protester si énergiquement de son désintéressement, quand l'ambassadeur Ki-Chan lui offrit un cadeau de la part de l'Empereur, avait montré des sentiments moins généreux à l'endroit des oulah. Pendant la journée que nous passâmes à Midchoukoung, la feuille de route nous tomba par hasard entre les mains, et nous fûmes fort surpris d'y lire qu'on nous avait alloué deux chevaux et douze bœufs à long poil. Tout notre bagage se réduisait pourtant à deux malles et à quelques couvertures de lit. — A quoi bon tous ces bœufs, demandâmes-nous au Pacificateur des royaumes ? comment s'y prennent-ils pour porter deux malles à douze ? — Ah! c'est une erreur, nous répondit-il ; le scribe s'est trompé ... Par politesse, nous dûmes avoir l'air de trouver cette explication excellente.

Il arrive pourtant assez souvent que les Chinois trouvent de grands mécomptes dans leurs spéculations sur les oulah ; ils rencontrent sur la route certaines peuplades thibétaines qui ne sont nullement apprivoisées à ce genre de contribution. On a beau montrer à ces rudes et fiers montagnards