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nous arrêtâmes pour prendre un peu de repos et de nourriture, dans un grand couvent bouddhique tombant en ruines, et qui servait de résidence à quelques vieux Lamas salement vêtus. La pauvreté dans laquelle ils vivaient, ne leur permit d'offrir à l'état-major de la caravane que du thé au lait, un pot de bière et une petite boule de beurre. En joignant à ces provisions, des galettes, et un gigot de mouton que le cuisinier de Ly-Kouo-Ngan avait eu l'attention de nous préparer la veille, nous eûmes une collation assez substantielle.

Aussitôt que nous eûmes amorti notre appétit, et rendu un peu de vigueur à nos membres, nous remerciâmes ces pauvres religieux bouddhistes, en leur offrant un khata, ou écharpe de félicité, puis nous remontâmes promptement sur nos chevaux. Il était déjà tard, et nous avions encore quarante lis à faire avant d'atteindre le poste. Il était nuit close quand nous arrivâmes à Médehou-Koung. Notre premier soin fut d'appeler nos grooms thibétains, et de leur recommander d'organiser nos lits le plus promptement possible ; nous pensions qu'ayant eu pendant une longue journée un mauvais cheval entre les jambes, nous devions être dispensés de faire salon. Après avoir pris un léger repas, et terminé nos prières, nous souhaitâmes une bonne nuit au Pacificateur des royaumes, et au Lama musicien ; puis nous allâmes nous ensevelir sous nos couvertures.

Le lendemain, quand nous mîmes la tête hors du lit, le soleil brillait déjà de toute sa splendeur. Cependant, tout était calme dans la cour de l'hôtellerie ; on n'entendait ni les grognements des yaks, ni les hennissements des