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habitants de la campagne. On ne trouve point parmi eux cette politesse affectée qui distingue les Chinois ; mais en retour, ils sont remarquables par leur franchise et leur hospitalité. Dans leur idiome chinois, on rencontre une foule d'expressions appartenant aux langues tartare et thibétaine. La construction de leur phrase est surtout particulière ; on n'y reconnaît presque jamais la manière chinoise, c'est toujours l'inversion usitée dans le mongol. Ainsi, par exemple, ils ne disent pas, comme les Chinois : Ouvrez la porte, fermez la fenêtre ... ; mais : La porte ouvrez, la fenêtre fermez. Une autre particularité, c'est que le lait, le beurre, le caillé, toutes choses insupportables à un Chinois, font au contraire les délices des habitants du Kan-Sou. Mais c'est surtout leur caractère religieux qui les distingue des Chinois, ordinairement si sceptiques et si indifférents en matière de religion. Dans le Kan-Sou il y a de nombreuses et florissantes lamaseries, où l'on suit le culte réformé du Bouddhisme. Ce n'est pas que les Chinois n'aient aussi un grand nombre de pagodes, et des idoles de toute façon dans leur maison ; mais tout se borne à cette représentation extérieure : au lieu que dans le Kan-Sou, tout le monde prie souvent et longuement. Or, la prière, comme on sait, est ce qui distingue l'homme religieux, de celui qui ne l'est pas.

Outre que les habitants du Kan-Sou diffèrent beaucoup des autres peuples de la Chine, ils forment encore entre eux des divisions très-distinctes : les Dchiahours sont peut-être la plus saillante de la province. Ils occupent le pays appelé communément San-Tchouan — Trois-Vallons, — patrie de notre chamelier Samdadchiemba. Les