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en cuivre, on offre aux assistants une écuellée de thé, et on leur présente le plat ou chacun prend une pincée de tsamba. Les gens de la maison font aux visiteurs la même politesse. Les habitants de Lha-Ssa ont coutume de dire : Les Thibétains célèbrent les fêtes du nouvel an avec du tsamba et du thé beurré ; les Chinois avec du papier rouge et des pétards, les Katchi avec des mets recherchés et du tabac, les Péboun avec des chansons et des gambades.

Quoique ce dicton populaire soit plein d'exactitude, cependant les Péboun n'ont pas tout-à-fait le monopole de la gaité. Les Thibétains savent aussi animer leurs fêtes du nouvel an, par des réjouissances bruyantes, et où les chants et les danses jouent toujours un grand rôle. Des groupes d'enfants, portant de nombreux grelots suspendus à leur robe verte, parcourent les rues, et vont, de maison en maison, donner des concerts qui ne sont pas dépourvus d'agrément. Le chant, ordinairement doux et mélancolique, est entrecoupé de refrains précipités et pleins de feu. Pendant la strophe, tous ces petits chanteurs marquent continuellement la mesure en imprimant à leur corps un mouvement lent et régulier, semblable au balancement d'un pendule ; mais, quand arrive le refrain, ils se mettent à trépigner, en frappant la terre on cadence et avec vigueur. Le bruit des grelots et de leur chaussure ferrée, produit une espèce d'accompagnement sauvage, qui ne laisse pas de frapper agréablement l'oreille, surtout lorsqu'il est entendu d'une certaine distance. Ces jeunes dilettanti ayant achevé leur concert, il est d'usage que ceux pour lesquels ils ont chanté leur distribuent des gâteaux