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peur qu'il ne me soit échappé des paroles inexactes ou qui pourraient vous être désagréables. Ayant obtenu son principal but, Ki-Chan reprenait à notre égard ses manières aimables et caressantes. Son rapport était assez insignifiant ; ce qu'on y disait de nous, n'était ni bien ni mal ; on se contentait d'y donner une sèche nomenclature des pays que nous avions parcourus depuis notre départ de Macao. — Ce rapport va-t-il bien comme cela, dit Ki-Chan ; y trouvez-vous quelque chose à redire ? — M. Huc répondit qu'il aurait à faire une observation d'une grande importance. — Parle, j'écoute tes paroles. — Ce que j'ai à te dire ne nous intéresse nullement ; mais cela te touche de très-près. — Voyons, qu'est-ce donc ? — Ma communication doit être secrète ; fais retirer tout ce monde. — Ces gens sont mes serviteurs, ils appartiennent tous à ma maison ; ne crains rien. — Oh ! nous autres, nous n'avons rien à craindre ; tout le danger est pour toi ! — Du danger pour moi !... N'importe, les gens de ma suite peuvent tout entendre. — Si tu veux, tu leur rapporteras ce que j'ai à te dire ; mais je ne puis parler en leur présence. — Les Mandarins ne peuvent s'entretenir en secret avec des étrangers ; cela nous est défendu par les lois. — Dans ce cas, je n'ai rien à te dire, envoie le rapport tel qu'il est ; mais s'il l'en arrive malheur, ne t'en prends qu'à toi ... L'ambassadeur chinois devint pensif ; il aspira coup sur coup de nombreuses prises de tabac, et après avoir longtemps réfléchi, il dit aux gens de sa suite de se retirer, et de nous laisser seuls avec lui.

Quand tout le monde fut parti, M. Huc prit la parole : — Maintenant, dit-il à Ki-Chan, tu vas comprendre pourquoi j'ai voulu te parler en secret, et combien il t'importe que