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des Chinois, qui, depuis plusieurs années, profitant de l'enfance du Talé-Lama, s'arrogeaient des droits inouïs dans le pays .... Nous remerciâmes le Régent de sa bonne volonté, et nous partîmes pour nous rendre chez l'ambassadeur chinois.

Nous dîmes à Ki-Chan que, loin de tout moyen de protection, nous étions décidés à nous éloigner de Lha-Ssa, puisqu'on voulait nous y contraindre ; mais que nous protestions contre cette violation de nos droits. — Oui, c'est cela, nous répondit Ki-Chan ; il n'y a rien de mieux à faire, il faut vous mettre en route ; ce sera bien pour vous, bien pour moi, bien pour les Thibétains, bien pour tout le monde. — Il nous annonça ensuite qu'il avait déjà ordonné de faire tous les préparatifs nécessaires pour notre prochain départ, que déjà le Mandarin et l'escorte qui devaient nous accompagner, avaient été désignés. Il avait été même arrêté que nous partirions dans huit jours, et qu'on nous ferait suivre la route qui conduit aux frontières de Chine. Ces dernières dispositions excitèrent tout à la fois notre indignation et notre surprise ; nous ne concevions n'as qu'on eût la cruauté de nous condamner à un voyage de huit mois, tandis qu'en nous dirigeant vers l'Inde, ving-cinq jours de marche nous suffisaient pour arriver au premier poste européen, où nous ne pouvions manquer de trouver des moyens sûrs et faciles pour nous rendre à Calcutta. Nous fîmes là-dessus les plus instantes réclamations ; mais elles ne furent pas écoutées, non plus que la demande d'un sursis do quelques jours pour nous reposer un peu de la longue route que nous venions de faire, et laisser se cicatriser de grandes plaies causées par le froid du désert.