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milieu de la chambre qu'ils prétendent faire bouillir leur thé. Quand la nuit est venue, ils déroulent des tapis de feutre à l'entour du foyer et s'étendent dessus. Ils se garderaient bien de coucher sur les lits ou sur les Kang qui se trouvent dans la chambre. Les Tartares de la caravane qui logeaient avec nous dans l'auberge de San-Yen-Tsin faisaient tous leur petit ménage en plein air. La simplicité de ces pauvres enfants du désert était si grande, qu'ils vinrent nous demander sérieusement si l'aubergiste leur ferait payer quelque chose pour les avoir logés chez lui.

Nous continuâmes notre route dans la province de Kan-Sou, en nous dirigeant vers le sud-ouest. Le pays, coupé de ruisseaux et de collines, est généralement beau, et parait assez riche. L'admirable variété des produits qu'on y remarque, est due à un climat tempéré, à un sol naturellement fertile, mais surtout à l'activité et au savoir-faire des agriculteurs. La principale récolte du pays, consiste en froment, dont on fait des pains excellents à la manière de ceux d'Europe. On n'y sème presque pas de riz ; le peu qui s'y consomme vient des provinces environnantes. Les chèvres et les moutons y sont de belle espèce, et servent, avec le pain, de base alimentaire aux habitants du pays. De nombreuses et inépuisables mines de charbon, mettent le chauffage à la portée de tout le monde. Il nous a paru, enfin, que dans le Kan-Sou, on pouvait facilement, et à peu de frais, se procurer une existence honnête.

A deux journées de la barrière de San-Yen-Tsin, nous fûmes assaillis par un ouragan qui nous exposa aux dangers les plus graves. Il était près de dix heures du matin. Nous venions de traverser une petite montagne, pour entrer dans une